Partis pour le Verdon, ils atterrirent finalement dans la cité phocéenne pour braver la pluie et le froid. Il faut bien avouer que la fine équipe de quatre dû élaborer un planning tenant compte des ondées mais le froid les épargna puisqu’ils souffrirent presque de la chaleur !
Deux belles randonnées leur permirent de découvrir la beauté s’offrant aux badauds du village des Goudes jusqu’à la calanque de Marseilleveyre … et de repérer les projets de grimpe du lendemain.
La pluie matinale du samedi ne démotiva pas la cordée de 3 qui attendit patiemment que le rocher daigne sécher. Pendant ce temps, le vaillant Benjamin blessé à la main, hésitait à traverser les calanques jusqu’à Cassis au risque de ne jamais revenir à temps à Marseille. La beauté de Morgiou le convint de s’arrêter à 6 heures de marche.
Hélios ayant achevé son œuvre contre la pluie, la flèche partit à la conquête de l’arête de la cordée, une grande voie accessible et mythique des calanques. Tiré par un Baptiste rayonnant, le trio avala les mètres avec appétit et boucla ce projet rapidement. Si les compétences du leader en termes de grimpe ne sont plus à prouver, ces coéquipiers peuvent maintenant aussi témoigner de ses talents de lanceur de coinceur. Il fit voler avec élégance le plus gros coinceur de la liasse qui retomba malheureusement 70 mètres plus bas sur un chemin de randonnée. L’appétit aiguisé par ce bijou posé à même le sol, un grimper tenta de s’en emparer. C’était sans compter sur la hargne de son propriétaire qui se fit entendre du haut du caillou. On ne peut pas en vouloir à Baptiste, l’équipement aéré nourrissait nos craintes et l’envie de faire voler les coinceurs plutôt que les grimpeurs.
Après l’ascension vint la descente (celle en rappel, pas encore celle des bières, soyez patient). Alexandre, Sophie arrivèrent rapidement au premier relais, rejoints de près par Baptiste. Non content d’avoir couru dans la grande voie, ce dernier oublia (volontairement il va sans dire) de retirer le nœud du bout de la corde rappelée. Il prit de toute évidence un plaisir fautif à récupérer le brin litigieux. Heureusement que la voie du rappel était équipée et dans un niveau abordable, l’hélicoptère aurait ruiné le bilan écologique du week-end en cas de 7ème degré dans les parages…
Non contente de la première ascension forte en émotion, Sophie convint ses acolytes de les tracter avec fougue dans une grande voie en 6a+. Très vite le chemin se fit obscur aux yeux des grimpeurs et seule une GV en 6b+ bien tassé offrait un chemin évident. Alexandre, apeuré par l’éperon rocheux qui manqua tout juste de le priver de ses attributs, fut rassuré lorsque la pluie tomba et força la cordée à rejoindre le plancher des vaches.
Massilia oblige, la bouillabaisse, la daurade et autres anchoïades auraient dû accompagner nos grimpeurs dans leurs repas, mais nos quatre gaulois de Lutèce préférèrent persévérer dans la coutume du sandwich qui se déguste aux pieds des voies. Nota bene pour les prochains : la cellophane est indispensable à tout voyage d’escalade.
Le dernier jour, Benjamin partit à la découverte des charmes de Massilia pendant que ses trois compagnons avides d’escalades retournèrent tâter le caillou de la falaise de Pastré. La grimpe fut belle et légèrement engagée : trois points dans une ligne de 25 mètres c’est peu pour des grimpeurs parisiens, même dans une 5c. Alexandre voulait prendre sa revanche sur Baptiste le prestidigitateur de coinceurs. Une tomate et un couteau lui suffirent à en trouver le prétexte. Il demanda l’Opinel de Baptiste et ouvrit avec tact le couteau sans retirer la bague de sécurité. À l’image du joli petit coinceur bleu, la bague apprit à voler, laissant à son propriétaire un couteau dénudé. Le fonctionnement d’un Opinel offre bien des surprises aux non-initiés un peu benêts !
Ivres de sensations, nos grimpeurs reprirent le chemin du travail des projets d’escalade plein la tête et des frissons dans les phalanges.